
Approches féministes du droit. Perspectives francophones
Congrès des 15 & 16 janvier 2026, Bruxelles
Ce premier congrès a pour objectif de favoriser le partage d’hypothèses et méthodes, objectifs et stratégies entre les scientifiques qui mobilisent les féminismes dans leurs recherches en droit ou sur le droit.
Dans leur diversité, les approches féministes du droit connaissent actuellement autant de développements inédits que de farouches résistances. Force est en outre de constater qu’il n’est pas toujours aisé de les définir, en général, ni de saisir ce qu’une inscription dans ces approches implique conceptuellement et méthodologiquement. L’ambition de ce congrès est dès lors de (faire) connaître ces approches et de promouvoir la création de réseaux internationaux en la matière. Il s’agit d’une part de visibiliser les recherches en cours et de favoriser la discussion sur les questions singulières qu’elles suscitent, sur l’intérêt qu’elles revêtent pour la connaissance du droit en général et sur les tactiques mises-en-œuvre pour permettre leur plein déploiement. D’autre part, l’événement vise à soutenir l’institutionnalisation et la reconnaissance encore fragiles de ces démarches scientifiques[1], par le croisement de travaux qui se répondent ou se complètent sans que leurs auteur·ices se connaissent nécessairement, en raison notamment de la diffusion parfois entravée que connaissent les féminismes dans les milieux académiques et juridiques.
L’événement est consacré aux travaux francophones. Si ce choix peut être discuté, il en va d’un souci de cohérence, fût-ce seulement au vu des différences entre les systèmes juridiques d’obédience continentale ou de common law et le caractère forcément contextualisé des pensées féministes[2]. Il en va aussi d’une réponse à la timidité des mondes francophones dans les Nord et Sud globaux face aux projets articulant droit et genre[3] : à l’exception sans doute du Québec, cette situation fait contraste avec les pays nordiques[4] ainsi surtout qu’anglo-saxons[5], dans lesquels les travaux en la matière sont constitués en domaine de recherche depuis plusieurs décennies et y connaissent diverses variations, sans cesse innovantes malgré l’offensive rétrograde qu’elles subissent actuellement.
Les interventions seront structurées autour de cinq enjeux principaux, dont les contributeur·ices sont invité·es à se saisir à leur guise, pour discuter leur pertinence dans leurs propres projets :
1 Genrer les objets : « poser la question des femmes »[6] ou « chausser des lunettes de genre » donne à voir les problématiques juridiques sous un nouveau jour et, par-là, permet de mieux connaître le phénomène juridique.
2 Décloisonner les branches de droit, les disciplines, et déconstruire les catégories juridiques : les féministes plaident depuis longtemps pour l’abolition de la distinction entre intime et politique, privé et public, les situations vécues par les femmes et les hypothèses élaborées par les féministes transcendent les distinctions propres au discours juridique, bref un regard juridiquement renouvelé et/ou autre que juridique semble particulièrement fécond pour la recherche en droit et sur le droit ;
3 Penser les méthodes et se positionner sur le terrain: les approches féministes mènent à diversifier les sources, à interroger la réflexivité et l’objectivité à nouveaux frais, bref à situer les savoirs[7];
4 Articuler recherche et monde associatif: au-delà de la distinction entre recherche et militantisme, il s’agit de travailler voire traduire les revendications sociales sans les spolier, d’une part, et de respecter pleinement les exigences scientifiques sans produire des conclusions « hors sol »[8], d’autre part ;
5 Distinguer les courants féministes: la variété parfois très polarisée qui caractérise les féminismes et la pensée queer requiert de préciser l’orientation des analyses dites féministes en général, dans un domaine juridique rétif à ces approches en général.
Outre des conférences au sens classique du terme, le congrès inclura la présentation de posters, des échanges interdisciplinaires et transgénérationnels sur des projets en cours ainsi que des moments d’échange sur les stratégies de financement, la structuration institutionnelle et la constitution de réseaux.
Est espérée la contribution de juristes autant que de chercheur·euses qui se saisissent d’objets juridiques à partir d’autres disciplines. Les démarches interdisciplinaires seront tout particulièrement appréciées, tout comme les travaux de chercheur·euses en début de carrière.
Les propositions de contribution, longues de 2000 à 4000 caractères (espaces incl.), sont à soumettre dans ce formulaire pour le 30 août 2025 à midi.
Les contributeur·ices sont prié·es d’indiquer s’iels souhaitent participer au congrès par un exposé ex cathedra en plénière, par la mise en discussion en plus petit comité d’une recherche en cours (projet de thèse, chapitre ou article à l’état de manuscrit, etc.) ou par un poster, c’est-à-dire par la présentation d’un travail ou d’une hypothèse en une page qui sera exposée (en grand format) pendant toute la durée du congrès. Tout·es les participant·es sont vivement encouragé·es à présenter un poster, même pour des recherches encore en cours ; ce poster peut constituer la seule participation au congrès et/ou s’ajouter à une contribution orale.
Tou·tes sont invité·es à préciser auquel des cinq enjeux susmentionnés se rattache leur contribution. D’autres enjeux singuliers peuvent bien sûr être soulevés.
Le programme du congrès sera établi et diffusé pour le 15 septembre 2025.
Une publication ultérieure est envisagée mais ni requise ni certaine à ce stade.
Le congrès aura lieu à l’UCLouvain Saint-Louis donc au centre de Bruxelles (Belgique). Les frais de déplacement et d’hébergement pourront être pris en charge si nécessaire.
L’organisation scientifique est assurée par Diane Bernard (professeure à l’UCLouvain Saint-Louis – IRIS-L/SIEJ), Ariane Amado (chargée de recherches au CNRS – CHJ) et Florence Renucci (directrice de recherches au CNRS – IMAF)
Bibliographie indicative
Ariane Amado, « L’avènement d’un droit pénal de la conjugalité: un nouveau tournant féministe de la politique criminelle? », Archives de politique criminelle, 2023, n°45, p. 93-108.
Ariane Amado, « Manifeste pour une approche féministe du droit pénal », RSC, soumis.
Katharine T. Bartlett, « Feminist legal methods », Harvard Law Review, 103/4, 1990, pp. 829-888.
Marie-Eveline Belinga, Yaël Eched et Rose Ndengue, « Les féministes des marges peuvent-elles parler ? Retour sur un “échec” académique et ses implications épistémologiques et politiques », Genre, sexualité et société, 2019, https://journals.openedition.org/gss/5816
Laure Bereni, Alice Debauche, Emmanuelle Latour et Anne Revillard, « Entre contrainte et ressource : les mouvements féministes face au droit », Nouvelles Questions Féministes, 29/1, 2010, p. 6-15.
Diane Bernard et Barbara Truffin, « Tussen recht en gender in Belgie : de uitdaging van een opkomend onderzoeksdomein », in Pieter Cannoot, Elise Goossens et Marie Spinoy (eds), Feministische en queeronderzoeksmethoden in het recht, Bruxelles, Larcier, 2025, pp. 71-101.
Diane Bernard et Oriana Simone, « La pertinence des approches féministes du droit : une démonstration par l’exemple », Journal des Tribunaux, pp. 646-648.
Diane Bernard, « Ambivalence et stratégie : les féministes face au droit », in. F. Géa et Cl. Legendre (dir.), Usages, fonctions, finalités du droit, Larcier, sous presse.
Silvia Bruzzi et Lucia Sorbera (dir.), Pour une histoire à part égale des femmes et du genre dans les sociétés musulmanes, Genre et Histoire, n°25, 2020, https://journals.openedition.org/genrehistoire/4962#ftn25
Lisa Carayon, Stéphanie Hennette Vauchez, Marc Pichard, « Editorial », Intersections, n°1, 2024, https://revue-intersections.parisnanterre.fr/index.php/accueil/article/view/41
Coline Cardi, « Tribunal », in Juliette Rennes (dir.), Encyclopédie critique du genre, Paris, La Découverte, 2021, p. 795-805.
Pieter Cannoot, Elise Goossens et Marie Spinoy, « Feministische en queer rechtstheorie : genese, bloei en wasdom », Feministische en queer onderzoekmethoden in het recht, Bruxelles, Larcier, 2025, pp. 3-48.
Loraine Chappuis, Hélène Duffuler-Vialle, Marie Houllemare, Florence Renucci, Todd Shepard (dir.), Genre, histoire et droit, Clio@Thémis, 2023, n°25, https://journals.openedition.org/cliothemis/3600
Isabelle Clair, « Faire du terrain en féministe », Actes de la recherche en sciences sociales, 2016/3, n° 213, pp. 66-83.
Tove S. Dahl, Women’s law. An introduction to feminist jurisprudence, Oslo, Norwegian University Press, 1987.
Prune Decoux, Hélène Duffuler-Vialle, « Interroger le droit au prisme du genre », in Discours juridiques, genre et histoire, Criminocorpus, 2025, https://journals.openedition.org/criminocorpus/
Anne Devillé et Olivier Paye (dir.), Les femmes et le droit. Constructions idéologiques et pratiques sociales, Bruxelles, Presses universitaires Saint-Louis, 1999.
Fem&LAW, Diane Bernard (dir.) et Chloé Harmel (coord.), Droits des femmes. Code commenté, Larcier, 2020.
Marie Garrau, Alexandrine Nedelec, Armelle Andro (dir.), Ce que le genre fait aux sciences humaines et sociales, La revue de l’université Panthéon-Sorbonne, n°3, 2021.
Stéphanie Hennette-Vauchez, Marc Pichard, Diane Roman, Genre et droit, ressources pédagogiques, Paris, Dalloz, coll. Méthodes du droit, 2016.
Stéphanie Hennette-Vauchez, Marc Pichard, Diane Roman (dir.), Ce que le genre fait au droit, Paris, Dalloz, coll. À droit ouvert, 2013.
Jérémy Houssier et Maïté Saulier (dir.), Les femmes et le droit, Paris LGDJ, 2024.
Ayesha M. Iman, Amina Mama et Fatou Sow, Sexe, genre et société. Engendrer les sciences sociales africaines, Paris, Karthala, 2004.
Gwenola Joly-Coz, « Le militantisme féministe », dossier spécial « Militantisme et droit » des Cahiers de la justice, 2024/4 n° 4, pp. 59-72.
Abir Kréfa, Amélie Le Renard, Genre et féminismes au Moyen-Orient et au Maghreb, Paris, éditions Amsterdam, 2020.
Claire Laborde-Menjaud, Maxime Tourette et Alexandrine Nedelec (dir.), dossier « Inégalités de genre : approche historique et anthropologique des normes, discours et pratiques juridiques », Mélété, n°1, 2025, https://publications-prairial.fr/melete/index.php?id=69
Karine Lempen, « Droit », in Catherine Achin et Laure Bereni (dir.), Dictionnaire Genre et Science Politique, Paris, SciencesPo, 2013, pp. 190-203.
Catharine A. MacKinnon, Toward a feminist theory of the State, Harvard University Press, 1989.
Marieme N’Diaye, « Enquêter sur le droit et le genre: un parcours de recherche », 2023, halshs-04066156.
Saliou Ngom, « L’émergence et le développement d’un mouvement féministe décolonial au Sénégal : entre approche postcoloniale et revendications égalitaires », Recherches féministes, vol. 34, 2021, https://www.erudit.org/en/journals/rf/2021-v34-n2-rf07282/1092230ar.pdf
Florence Renucci, « ‘N’en fais pas toute une histoire !’ Les études féministes, de genre, LGBT+ et queer dans les facultés de droit (années 1970-2020) », Revue d’histoire des facultés de droit, à paraître (2025).
Florence Renucci, « Women Lawyers in the French Empire. What analyses are possible based on decolonial feminisms? », in Håkan Hydén, Ulrike Schultz and Måns Svensson (ed.), Encyclopedia of Sociology of Law, Elgar, à paraître (2025).
Anne Revillard, Karine Lempen, Laure Bereni, Alice Debauche, Emmanuelle Latour, « A la recherche d’une analyse féministe du droit dans les écrits francophones », Nouvelles Questions Féministes, 28, 2009, 2, pp. 279-300.
Julie Saada, « Récits et contre-récits dans le droit. Usages et critiques du narrativisme juridique dans la Critical Race Theory », Droit et société, 2021/2, N°108, pp. 319-335.
Ann C. Scales, Legal feminism. activism, lawyering, and legal theory, NYU Press, 1977 ; « Towards a feminist jurisprudence », Indiana Law Journal, 56/3, 1981, pp. 375-444.
Emmanuelle Tourme Jouannet, Laurence Burgogue-Larsen, Horatia Muir Watt, Hélène Ruiz Fabri (dir.), Féminisme(s) et droit international, Société de législation comparée, Coll. ISJPS, Vol. 39, pp. 483-497.
Notes
[1] Comme le démontre l’histoire des approches féministes et de genre du droit en Belgique et en France. Pour la Belgique, voir Pieter Cannoot, Elise Goossens et Marie Spinoy (eds), Feministische en queeronderzoeksmethoden in het recht, Bruxelles, Larcier, 2025, en particulier Diane Bernard et Barbara Truffin, « Tussen recht en gender in Belgie : de uitdaging van een opkomend onderzoeksdomein », pp. 71-101 ; pour la France, voir Florence Renucci, « N’en fais pas toute une histoire! Les études féministes, de genre, LGBT+ et queer dans les facultés de droit (des années 1970 aux années 2020) », Revue d’histoire des facultés de droit, à paraître (2025).
[2] Saliou Ngom, « L’émergence et le développement d’un mouvement féministe décolonial au Sénégal : entre approche postcoloniale et revendications égalitaires », Recherches féministes, vol. 34, 2021, https://www.erudit.org/en/journals/rf/2021-v34-n2-rf07282/1092230ar.pdf
[3] Pour une analyse des débuts difficiles en la matière, voyez Anne Revillard et al., « A la recherche d’une analyse féministe du droit dans les écrits francophones », Nouvelles Questions Féministes, 28, 2009, 2, pp. 279-300. Pour une analyse du corpus fondateur de la perspective « genre et droit », voy. Karine Lempen, « Droit », in Catherine Achin et Laure Bereni (dir.), Dictionnaire Genre et Science Politique, Paris, SciencesPo, 2013, pp. 190-203. Pour un panorama d’objets analysés sous cet angle, voyez Coline Cardi, « Tribunal », in Juliette Rennes (dir.), Encyclopédie critique du genre, Paris, La Découverte, 2021, pp. 795-805. Pour les trois (seuls) ouvrages généralistes parus dans le domaine en Belgique, voyez Eva Brems et Lisbeth Stevens (eds.), Recht en gender in België, Brugge, die Keure, 2011, mis à jour et complété in Eva Brems, Pieter Cannoot et Lisbeth Stevens (eds.), Recht en Gender in België – 10 jaar later, Brugge, die Keure, 2021 ; Fem&LAW, Diane Bernard (dir.) et Chloé Harmel (coord.), Droits des femmes. Code commenté, Larcier, 2020 ; Pieter Cannoot, Elise Goossens et Marie Spinoy (eds), op. cit. Pour trois projets ANR développés en France, voyez https://regine.parisnanterre.fr/;https://hljpgenre.hypotheses.org/;https://violetginger.hypotheses.org/author/violetginger – on soulignera que REGINE, pour Recherche et Études sur le Genre et les Inégalités dans les Normes en Europe, a donné lieu à diverses publications et à la création récente de Intersections. Revue semestrielle Genre et Droit. Pour un exemple de projet orienté vers l’Afrique (anglophone et francophone), voir le projet GLOW-Genre, Droit et Militantisme en Afrique de l’Ouest, https://ifra-nigeria.org/research-programs/gender-law-and-political-activism-in-west-africa.
[4] Pour les origines des travaux nordiques en la matière, voyez Tove S. Dahl, Women’s law. An introduction to feminist jurisprudence, Oslo, Norwegian University Press, 1987.
[5] On considère habituellement que les deux premières juristes à avoir mobilisé le concept de feminist jurisprudence (au sens anglo-saxon de principes de droit, voire de théorie du droit) sont Ann Scales et Catharine MacKinnon : voyez Ann C. Scales, Legal feminism. activism, lawyering, and legal theory, NYU Press, 1977 et « Towards a feminist jurisprudence », Indiana Law Journal, 56/3, 1981, pp. 375-444 ; Catharine A. MacKinnon, « Feminism, marxism, method and the State : towards a feminist jurisprudence », Signs, 8/2, 1983, pp. 635-658. Quant aux méthodes de recherche féministes en droit, la référence devenue incontournable par son caractère structuré et structurant est Katharine T. Bartlett, « Feminist legal methods », Harvard Law Review, 103/4, 1990, pp. 829-888.
[6] Katharine T. Bartlett, op. cit.
[7] Sur l’écriture en « je » dans les notes de doctrine, voir Ariane Amado, « L’avènement d’un droit pénal de la conjugalité: un nouveau tournant féministe de la politique criminelle? », Archives de politique criminelle, 2023, n°45, pp. 93-108 ; Saada J., « Récits et contre-récits dans le droit. Usages et critiques du narrativisme juridique dans la Critical Race Theory », Droit et société, 2021/2, N°108, pp. 319-335 ; Anne-Charlotte Martineau, « Odyssée d’une toubabou », in Emmanuelle Tourme Jouannet, Laurence Burgogue-Larsen, Horatia Muir Watt, Hélène Ruiz Fabri (dir.), Féminisme(s) et droit international, Société de législation comparée, Coll. ISJPS, vol. 39, pp. 483-497. Pour une conceptualisation de ces méthodes en sciences sociales, voir aussi Isabelle Clair, « Faire du terrain en féministe ». Actes de la recherche en sciences sociales, 2016/3, n° 213, pp. 66-83.
[8] Voir par exemple, très récemment, le numéro intitulé « Poursuivre les luttes » de la revue Délibérée (décembre 2024, https://revue-deliberee.org/numeros/poursuivre-les-luttes/sommaire/ ) ou encore le numéro intitulé « Militantisme et droit » des Cahiers de la justice, 2024/4 n° 4, incl. notamment l’article de la magistrate Gwenola Joly-Coz, « Le militantisme féministe », pp. 59-72.
Crédits et légende des photos
Keystone, 1968 (Soirée d’information de l’Association pour le droit de vote des femmes, le 10 décembre 1968 à la Boerse à Zurich, Suisse, sur le thème du droit de vote des femmes et des 20 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme) ;
Diana Davies, 1970 (Marsha P. Johnson distribue des flyers pour soutenir les étudiants gays à NYU) ;
Catherine Deudon / Roger-Viollet, 1999 (Colloque « Cinquantenaire du deuxième sexe » organisé à Paris, du 19 au 23 janvier 1999, par Sylvie Chaperon et Christine Delphy : l’intervenante Awa Thiam, écrivaine, anthropologue et féministe sénégalaise, auteure de Paroles aux négresses)